Nous venions de décaler pour explosion suivie de feu sans autre indication. Une pluie battante se déchaînait et les essuis-glaces du véhicule d'intervention se noyaient sous les trombes d'eau. En pleine nuit, à l'arrière du véhicule, je préparait machinalement mes boitiers photos. Mes mains faisaient le travail mais mon esprit était ailleurs. Je me voyait encore au lit bien au chaud dans mon rêve que je venais de quitter subitement. A notre arrivée sur les lieux, la façade d'un immeuble était éventrée et les débris se répendaient sur le sol sur plus de 500m2. Les clichés extérieurs terminés, je me suis rendu au niveau de l'appartement sinistré. Plusieurs pompiers se trouvaient sur l'étage et une épaisse fumée noire interdisait l'accès du logement. Un tuyau était branché sur la colonne sèche de l'immeuble et je savais que des collègues étaient en reconnaissance à l'intérieur. Après avoir signalé ma présence aux équipes en attentes, je me suis engouffré, à genoux, dans le couloir, le col de feu sur le visage et la main glissant sur le tuyau me servant de celui-ci comme ma "ligne de vie". Après quelques mètres, J'ai réussi à me glisser derrière le binôme d'attaque. La chaleur était intense mais la beauté du moment était unique. J'ai déclenché un dizaine de fois avant que disparaisse cette magie dévastatrice que seul le pompier peut aprécier.
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3 commentaires:
Pour combattre le feu, il faut quand même l'apprecier un peut, mais pas trop, car le but c'est de le combattre, pas de l'allumer, lol
Tu devrais écrire un livre.Ton récit est passionnant.Accompagné de cette magnifique photo.On si croirait!!!Ce sont vraiment des moments forts.
photo ultra dure à réaliser... et réussie par Monsieur Bougis avec une expo et un cadrage parfait...
ce n'est pas de la chance... c'est le talent !
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